Petit texte introductif...
Avec le temps, on se rend compte qu'il y a autant de types de joueurs différents que de personnalités humaines différentes, c'est-à-dire énormément. Nombreuses sont les fois où, passant un après-midi chez un ami, je restais frustré devant la manière qu'il avait de jouer. Non pas qu'il jouait "mal", c'est même souvent l'inverse, plutôt qu'il jouait d'une façon que je qualifierais "d'à l'arrache"... Dans le sens où ça ne correspond pas du tout à ma propre manière de jouer. Là où moi par exemple je reste volontiers quelques minutes à observer les somptueux décors d'un Final Fantasy XIII ou d'un Resonance of Fate, mon meilleur ami d'il y a quelques années martelait sans relâche le même bouton de son clavier pour passer en vitesse les dialogues de Mass Effect et enchaîner les gunfights sans donner l'impression de réfléchir à ce qu'il faisait, et finissait par se fabriquer un collier avec toutes les touches de clavier qu'il a massacré. J'ai toujours été surpris de constater qu'il arrivait plus facilement que moi à battre les boss de n'importe quel jeu avec sa façon pour le moins atypique de "torcher" un jeu, comme il aimait le dire.
Je n'ai jamais été très frivole de cette façon de jouer. Je ne condamne pas ceux qui adoptent cette attitude devant leur écran, chacun a le droit de profiter de son achat (ou prêt) comme il l'entend. Non, je me contente juste de dire que je ne les comprends pas. Quitte à payer un jeu neuf à 70€, autant en jouir le plus longtemps possible... Non ? Ce qui me perturbe le plus chez eux, c'est qu'ils manquent facilement 20% d'un jeu en fonçant comme ça, et qu'ils ont l'air de s'en foutre complètement. Et encore, quand je dis 20% c'est en comptant la contemplation, les détours, les quêtes annexes, le mode online, en gros tout ce qui ne concerne pas de manière inévitable le cheminement solo. Voyez vous-mêmes que je reste clément, car ce pourcentage est très variable selon le jeu. Je le monte facilement à 50% pour Pokémon version Noire/Blanche par exemple où le jeu est loin de s'arrêter à la célèbre ligue ("Attrapez-les tous !" ça vous dit quelque chose ?). Par ailleurs, je peux faire grimper ce pourcentage à 80% sans cas de conscience particulier pour Disgaea 3 où le fait d'avoir battu le boss final de l'histoire au niveau 60 est ridicule face à ce qu'offre le jeu en dehors de ça.
Et maintenant l'article...
Les plus perspicaces d'entre vous auront sans doute remarqué que ma consternation vis-à-vis de cette manière de jouer est sûrement lié au fait que je suis un perfectionniste. Tout du moins, en matière de jeux vidéos (je ne prête pas la même attention à l'état de ma chambre, allez savoir pourquoi !). Le fait que certaines personnes puissent boucler un jeu à vitesse grand V et le ranger aussitôt dans le placard m'a toujours fait cligner de l'oeil. Après tout, si ça ne les dérange pas, tant mieux, mais pour moi il s'agit là d'un acte tellement risible que ça en est stupéfiant, doublé d'un gâchis sans nom.
J'aime finir un jeu à 100%. Enfin, dans mon cas, il s'agit plutôt de vouloir à tout prix jouer au jeu dans son ensemble, c'est-à-dire lire toutes les lignes de dialogue, faire toutes les quêtes annexes, obtenir un exemplaire de chaque objet de l'inventaire dans la mesure du possible... Ca fait partie des choses que je me sens "obligé" de faire sous peine de penser plus tard que je n'ai pas profité du jeu comme il se doit. Ce n'est pas dérangeant outre-mesure puisque je ne fais jamais qu'assouvir ma curiosité, mais je dois bien avouer que c'est parfois harassant de finir complètement un jeu... Oh, je précise qu'ici finir prend le sens le plus strict du terme, c'est-à-dire terminer le jeu miette par miette jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Il ne s'agit pas de simplement finir le mode principal, ou alors de contribuer à l'étonnante vérité (*tousse tousse*) apporté par le récent sondage qui dit que 90% des joueurs ne finissent pas leurs jeux.
D'après une étude de Blake Snow, collaborateur à CNN, c'est carrément 90% des joueurs qui ne finiraient pas leurs jeux en moyenne ! Les causes seraient multiples, mais l'une émerge et fait réfléchir : les gens ne seraient plus capables de se concentrer autant, notamment à cause des réseaux sociaux et autres "distractions numériques".
Venons-en au fait : pourquoi n'est-ce pas (toujours) de bonne augure pour les joueurs perfectionnistes d'être ainsi ? Simplement parce que, comme j'ai commencé à en parler dans le précédent paragraphe, nous n'avons pas toujours très envie de compléter tout ce qu'il y a à compléter dans le jeu... Pourtant, certains d'entre nous le font quand même, parce que la future frustration de ne pas avoir tout fait est plus désagréable que le manque d'envie que nous avions de tout terminer. Alors, oui, le jeu vidéo est un loisir, il doit nous faire plaisir et uniquement ça, blablabla. Oui mais non j'ai envie de répondre. Qui ne s'est jamais forcé à faire ne serait-ce qu'une petite action dans un jeu vidéo, en dépit du manque flagrant d'intérêt pour la chose ? Comme essayer de réussir un mini-jeu, combattre cent quarante-fois le même ennemi pour dropper un item rare, jouer online pour débloquer des items qu'on ne peut débloquer dans ce mode (qui a dit The Last Story ?). Nous n'aimons pas toujours accomplir ces choses, mais lorsque le jeu vidéo est pour nous un loisir très important, ça en devient presque un devoir. C'est exactement la même chose avec les passionnés de lecture qui n'hésitent pas à lire un livre qu'ils n'aiment pas particulièrement simplement pour alimenter leur culture personnelle. Je ne sais pas vous, mais personnellement l'optique de terminer un jeu de manière superflue et sans s'y plonger complètement ne m'enchante guère. Ce n'est guère ainsi que je conçois le jeu vidéo.
Je parle de conception, c'est peut-être le fin de mot de tout ça. Peut-être que c'est cette considération envers ce média qui fait que nous sommes plus ou moins perfectionnistes, ou alors pas du tout. Tout ce que je sais, c'est qu'une fois que cette considération est assez conséquente pour que l'on puisse se qualifier de fignoleur, bien des épreuves nous attendent... Je fais allusion à ce qui m'a inspiré cet article et donc ce qui en constitue l'essentiel : ces jeux qui donnent du fil à retordre aux plus perfectionnistes d'entre nous. Je ne me suis pas amusé à faire un classement, car les critères à prendre en compte sont très nombreux et subjectifs. Telle chose à accomplir ne sera pas fastidieux pour n'importe quel type de joueur, tout dépend de la motivation, des goûts et même de la manière d'être de celui-ci. Qui plus est, je n'ai pas les connaissances vidéoludiques nécessaires pour échafauder un classement qui tiendra l'équilibre ; je ne me suis intéressé aux jeux vidéos que très tardivement (début année 2000) et je suis encore très jeune (17 ans). Je vous propose donc mon petit podium de 3 jeux que vous ne reconnaîtrez peut-être pas en totalité au vu de leur audience parfois restreinte, mais qui néanmoins illustrent bien ce que je cherche à montrer.
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Un des derniers et meilleurs jeux de rôle japonais qui a vu le jour, j'ai nommé Xenoblade Chronicles. Si classement il y aurait, très haut il serait, car fil à retordre il y a. En effet, c'est sans doute le RPG japonais qui possèdent le plus grand nombre de quêtes annexes jamais constaté... Je n'ai pas le nombre exact, je sais juste qu'elles se comptent en plusieurs centaines. Pour les grands fans de ce genre de jeux comme moi-même, c'est une mine d'or, ni plus ni moins, car on sent que c'est un RPG fait avec passion et entrain. Pour les perfectionnistes comme moi également, c'est une importante source de frustration. Et oui, mes sentiments sont partagés. Vous vous doutez bien qu'avec un aussi grand nombre de quêtes, tout ne serait pas tout beau tout rose. Aussi, force est de constater à mon grand déplaisir qu'il n'est juste pas possible de terminer toutes les quêtes annexes en une seule partie. Et il ne s'agit pas de faire un simple new game + pour rectifier le tir et s'occuper uniquement des quêtes inachevées, oh que non, puisque les quêtes que vous ne pouvez pas accomplir sont les conséquences d'autres quêtes accomplies d'une certaine manière. C'est-à-dire que vous avez parfois un choix à faire pendant le déroulement d'une quête annexe, et selon la réponse choisie, vous aurez accès à certaines quêtes tandis que d'autres vous seront privées. Et si jamais vous avez soudainement envie de voir à quoi ressemblent ces dernières, il faudra vous retaper tout le cheminement de quêtes annexes qui vous y mène. Surtout qu'il y a des quêtes qui, même sans proposer un choix, interdisent l'apparition d'autres quêtes tant qu'elles ne sont pas accomplies. Sans parler du fait que vous pouvez très bien manquer ces quêtes annexes, certaines ayant un seuil limite d'avancement scénaristique avant de disparaître à tout jamais (Youhou !). Et dans un monde aussi immense que celui de Xenoblade, on en rate très facilement. Si vous vous demandez s'il existe un guide officiel des quêtes annexes de Xenoblade Chronicles, je vous réponds que non, pas à ma connaissance. Les développeurs ont probablement poussé le vice jusqu'à contraindre les joueurs à le construire d'eux-mêmes !
Xenoblade Chronicles ne justifie pas sa très grande durée de vie par ses quêtes annexes à foison : même si vous n'en faites aucune d'optionnelle, le jeu ne vous montrera pas ses crédits avant facilement 60 ou 70 heures environ.
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Dans un registre totalement différent, Mass Effect propose également son lot "d'insatisfactions" pour les plus perfectionnistes d'entre les perfectionnistes. En effet il existe des personnes qui, même s'ils trouvent excitant le fait de pouvoir prendre soi-même des décisions scénaristiques déterminantes pour la suite du jeu, sont frustrées (en cours de partie) de ne pas savoir ce qui se passe à côté. Moi par exemple, bien que j'aime beaucoup choisir moi-même ce que je veux dire ou faire (ça me rappelle mon bon vieux Suikoden V !), je me demande systématiquement qu'auraient dit les autres personnages ou que se serait-il passé si j'avais opté pour une option différente de celle sélectionnée. "Suffit de recommencer le jeu !" penseront certains d'entre vous. Je suis quelqu'un de relativement paresseux, je ne recommence jamais un jeu que j'ai déjà terminé, sauf si j'en ai vraiment envie à cause du manque ou de quelque chose de ce genre. Je savais d'avance que je ne recommencerai pas Mass Effect quand j'y jouais, et c'était d'autant plus agaçant de rater toutes ces lignes de dialogues différentes qui ne demandent qu'à être lues... D'ailleurs, la série Mass Effect est sous doute l'une de celles qui contiennent le plus de caractères, car beaucoup de travail a été fait pour enrichir l'univers et les personnages. Il y a une quantité astronomique de dialogues et autres textes descriptifs. Je n'ose imaginer combien de fois il faudrait recommencer le jeu pour essayer toutes les combinaisons possibles dans les dialogues.
Sans compter le fait que certaines lignes de dialogues ont parfois pour effet de terminer une discussion alors même qu'il vous restait des choses à apprendre.
Bon, j'exagère un peu avec Mass Effect. Même en étant perfectionniste, y jouer est loin d'être un cauchemar comme le petit descriptif ce-dessus peut laisser l'entendre. J'ai parfaitement réussi à m'accommoder à ses mécanismes de jeu à l'heure qu'il est, et j'ai appris tant bien que mal à ne pas me préoccuper des lignes de dialogues que je ne verrai probablement jamais. Après tout le jeu ne doit pas être si différent selon les décisions prises... Hein ?
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Je prends le 3 non pas parce qu'il est le seul à proposer un certain challenge (loin de là, même), plutôt parce que c'est celui que je connais le mieux entre les quatre volets principaux et les "dérivés" sur consoles portables. Si vous êtes un fan de RPG tactique, Disgaea doit vous évoquer quelque chose, car c'est un maître étalon dans le domaine. Certains le considèrent même comme la référence tout support confondu, et je dois dire que je les comprends... Disgaea (1, 2, 3 ou 4) est peut-être le seul jeu jamais créé qui peut se vanter d'être véritablement complet, à un tel point qu'il est difficilement envisageable pour lui d'en rajouter encore (si ce n'est quelques DLCs optionnels bien sympathiques comme les japonais en ont droit régulièrement). En effet, loin de se reposer uniquement sur sa trame scénaristique qui pourtant vaut clairement le détour, la vraie richesse d'un Disgaea ne se découvre qu'après seulement ! Une fois que vous avez fièrement poutré le boss final (qui d'ailleurs n'a de "final" que son design toujours très impressionant) avec vos personnages qui sont entre le niveau 50 et 100 selon les annexes que vous avez pris le temps de faire à côté, vous découvrez que le niveau maximum est en fait... 9999. Oui oui. Dans Disgaea, tout est parti dans un délire complet, que ce soit l'histoire qui est toujours très axée humour, le gameplay, ou la durée de vie elle-même. Ainsi, si vous désirez montez chaque classe de personnages (plus les héros) au niveau 9999, je vous souhaite bien du courage... Il existe évidemment des lieux "clé" pour faire grimper les niveaux assez rapidement, mais il n'en reste pas moins que ça vous prendra au minimum quelques centaines d'heures avant de pouvoir vous dire que vous avez fait tout ce qu'il y avait à faire. D'ailleurs ce n'est techniquement pas possible de terminer entièrement un Disgaea, puisqu'il incorpore un système de création aléatoire de donjon : l'Item World. Je ne sais plus dans volet il apparaît, mais concrètement il s'agit "d'entrer" dans un objet avec vos personnages pour combattre des ennemis. Et à chaque étage complété, l'objet monte d'un niveau et devient donc plus puissant (le maximum n'est pas 9999 ici, rassurez-vous). Les étages sont assez petits mais générés de manière aléatoire, donc vous avez de quoi faire. Et je ne parle pas ici des ennuis que vous pouvez avoir en pleine exploration d'objet... DIsgaea est un jeu qui réserve bien des surprises.
Le nombre de dommages effectués finit aussi par devenir complètement n'importe quoi... C'est tellement fun !
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Conclusion...
Je n'en ai pas parlé jusqu'ici, mais fort heureusement un joueur perfectionniste ne l'est souvent qu'avec les jeux envers lesquels il possède un minimum d'intérêt. Par exemple, je me fiche éperdument de savoir que je n'ai pas récupéré et/ou testé un exemplaire de chaque arme dans FPS quelconque, ni même de savoir que je n'ai pas récupéré tous les petits trésors cachés d'un Uncharted. Pas que ces jeux m'ennuient, simplement que quand j'y joue c'est souvent "en attente" d'un autre jeu qui me tient beaucoup plus à coeur. Parce que mon domaine de prédilection dans les jeux vidéos n'a jamais été les FPS comme en témoigne le podium, mais plutôt les jeux de rôle.
Les jeux susceptibles de faire suer les joueurs perfectionnistes sont encore nombreux. Si vous vous souvenez d'un jeu particulièrement retord à boucler dans sa totalité, n'hésitez pas à partager vos impressions dans les commentaires.